Avec quels outils réaliser une carte thématique ?
Une carte thématique a pour objectif de représenter un phénomène particulier (démographique, économique, environnemental…) sur un territoire. Elle se distingue des cartes topographiques par sa volonté de mettre en évidence des relations spatiales spécifiques plutôt que de décrire précisément le terrain.
Pour réaliser ce type de carte, le cartographe dispose aujourd’hui d’une large palette d’outils, qui peuvent se regrouper en quatre grandes familles :
- les solutions en ligne, qui permettent de créer rapidement des cartes sans installation ;
- les logiciels de SIG, spécialisés dans l’analyse et le traitement des données géographiques ;
- les logiciels de dessin vectoriel, privilégiés pour la finition graphique ;
- les bibliothèques de programmation, offrant une grande flexibilité pour les développeurs ;
Le choix entre ces familles d’outils dépend de plusieurs facteurs : le volume et la nature des données à traiter, la fréquence de mise à jour des cartes, les compétences techniques disponibles, le temps et le budget alloués au projet.
➤ Les solutions en ligne
Exemple : Khartis
➤ Les logiciels de SIG
Exemple : QGIS
➤ Les logiciels de dessin vectoriel
Exemple : Inkscape
➤ Les bibliothèques de programmation
Exemple : Leaflet (JavaScript), Folium (Python)
Les solutions en ligne : rapidité et simplicité
La création de cartes thématiques est aujourd’hui accessible à tous grâce aux solutions en ligne. Ces outils, disponibles directement depuis un navigateur web, permettent de réaliser rapidement des visualisations cartographiques sans installation ni connaissance technique préalable.
Des outils pensés pour la simplicité
Parmi les plateformes disponibles, Khartis (développé par Sciences Po) se distingue comme un excellent point d’entrée dans la cartographie thématique. Son approche pédagogique guide l’utilisateur à travers les différentes étapes de création d’une carte et l’aide à choisir le type de représentation le plus adapté à ses données.
L’interface épurée de Khartis permet de :
- importer facilement des données depuis un tableur ;
- choisir parmi plusieurs fonds de carte prédéfinis ;
- explorer différents modes de représentation (choroplèthes, symboles proportionnels, typologies...) ;
- comprendre les principes de la sémiologie graphique grâce à des explications contextuelles ;
- exporter sa carte en SVG ou PNG.
D’autres plateformes comme Datawrapper ou Flourish proposent des fonctionnalités similaires, souvent avec des options supplémentaires pour l’interactivité ou l’intégration web, mais payantes pour certains usages.
Quand les utiliser ?
Ces solutions en ligne sont particulièrement adaptées pour la création ponctuelle de cartes thématiques, la visualisation rapide de données territoriales ou la production de cartes pour des présentations ou des rapports. Elles offrent un excellent compromis entre facilité d’utilisation et qualité des résultats et sont recommandées pour des utilisateurs occasionnels peu exercés à la cartographie.
Notez que les formules gratuites des solutions commerciales ne vous permettent pas généralement d’exporter vos cartes dans un format éditable. Vous serez donc lié à la plateforme pour toutes modifications futures.
Le projet Khartis occupe une place particulière. D’accès entièrement libre, il vise davantage un public d’enseignants, de chercheurs et d’étudiants et se distingue des autres plateformes par son accompagnement pédagogique. Il propose des échantillons de données et plusieurs types de projections pour aider l’utilisateur à se familiariser avec les principes de la cartographie thématique et d’expérimenter différents types de représentation.
Ces outils sont avant tout conçus pour pouvoir réaliser rapidement et simplement des cartes standards. Pour une plus grande liberté graphique ou un gros volume de données sources à traiter, il est préférable de se tourner vers d’autres solutions.
Les logiciels de SIG : la puissance de l’analyse spatiale
Les Systèmes d’Information Géographique (SIG) constituent la solution la plus complète pour réaliser des cartes thématiques, particulièrement lorsqu’il s’agit de traiter un volume important de données ou de produire des analyses poussées. Parmi les logiciels disponibles, QGIS s’est imposé comme une référence, notamment grâce à sa gratuité et son code source ouvert, sa communauté active et ses nombreuses fonctionnalités.
Un outil pensé pour la donnée
La force principale de QGIS réside dans sa capacité à gérer nativement les données géographiques et statistiques. Le logiciel peut facilement importer des fichiers shapefile, des bases de données spatiales, des fichiers CSV géolocalisés ou encore des données OpenStreetMap. Cette polyvalence permet de combiner différentes sources de données pour enrichir ses cartes thématiques.
Pour la cartographie thématique, QGIS propose des fonctionnalités essentielles :
- la jointure entre données géographiques et statistiques ;
- de nombreuses méthodes de discrétisation des données ;
- une large palette de styles de représentation (choroplèthes, symboles proportionnels, cartes de chaleur…) ;
- la possibilité d’appliquer des filtres et des analyses statistiques ;
- l’automatisation des mises à jour via des expressions et des scripts.
Quand les utiliser ?
QGIS est particulièrement recommandé pour la production de cartes thématiques à partir de données régulièrement mises à jour, la création en série de cartes sur différents territoires ou périodes, l’analyse territoriale nécessitant des calculs géographiques et le besoin de croiser plusieurs couches de données.
Il conviendra aux utilisateurs qui travaillent régulièrement avec des données géographiques et souhaitent automatiser certaines tâches de production. Open-source, c’est une solution professionnelle complète et évolutive.
Orienté données, ses fonctionnalités graphiques ne sont pas toujours évidentes à maîtriser. Aussi peut-il être intéressant de l’utiliser conjointement avec un logiciel de dessin vectoriel pour finaliser et personnaliser le rendu des cartes.
Les logiciels de dessin vectoriel : la touche finale
Les logiciels de dessin vectoriel, tels qu’Inkscape (gratuit) ou Adobe Illustrator (payant), jouent un rôle essentiel dans la finalisation des cartes thématiques. Bien qu’ils ne soient pas conçus spécifiquement pour la cartographie, ils permettent d’affiner la mise en page et d’obtenir un rendu professionnel.
Pour un rendu professionnel
Ces outils interviennent généralement en fin de chaîne de production pour ajuster finement les couleurs et la typographie, harmoniser la mise en page, soigner l’habillage (légende, échelle, sources…) et assurer la cohérence graphique avec une charte existante.
Ces logiciels peuvent s’intégrer en complément d’un SIG pour la finalisation graphique, pour l’assemblage de plusieurs cartes dans une même composition, pour l’ajout d’éléments graphiques complexes et la préparation des fichiers d’impression.
Quand les utiliser ?
Le recours à un logiciel de dessin vectoriel est pertinent pour les cartes destinées à la publication, les documents nécessitant une mise en page soignée, la création de planches cartographiques, l’intégration de cartes dans des supports de communication ou encore la production de posters ou d’infographies.
Il concerne principalement les cartographes professionnels et toute personne soucieuse de la qualité graphique finale.
Bien que cette étape puisse sembler facultative pour des cartes simples, elle devient indispensable dès que l’on recherche un rendu professionnel ou que l’on souhaite intégrer la carte dans une composition plus large.
Les bibliothèques de programmation : flexibilité maximale
Pour les développeurs ou les personnes à l’aise avec le code, les bibliothèques de programmation offrent une liberté totale dans la création de cartes thématiques. Cette approche permet non seulement de personnaliser chaque aspect de la visualisation, mais aussi d’intégrer la cartographie dans des applications plus complexes.
Des outils pour chaque langage
Plusieurs écosystèmes proposent des solutions robustes :
Python
- GeoPandas pour la manipulation des données géographiques
- Folium pour créer des cartes web interactives basées sur Leaflet
- Matplotlib et Seaborn pour des cartes statiques
- intégration possible avec Jupyter Notebook pour l’exploration des données
R
- mapsf pour la gestion des données spatiales
- ggplot2 pour la création de cartes statiques de haute qualité
- Leaflet pour R pour les cartes interactives
- intégration avec l’écosystème statistique de R
JavaScript
- D3.js pour des visualisations cartographiques sur mesure
- Leaflet pour des cartes interactives web
- Openlayers pour des projets SIG plus complexes
- intégration naturelle dans les applications web
Quand les utiliser ?
La programmation est particulièrement pertinente pour l’automatisation de la production de cartes, la création d’applications cartographiques web, l’intégration de cartes dans des tableaux de bord, le traitement de grands volumes de données ou encore la création de visualisations sur mesure.
Elle nécessite toutefois des compétences en programmation et une bonne compréhension des concepts cartographiques. Cette option est donc davantage destinée aux développeurs web et aux data scientists. Plus technique, elle offre cependant un contrôle inégalé sur la production cartographique. Elle est particulièrement pertinente dans un contexte de production régulière ou d’intégration à des outils existants.
Pour conclure
Le choix d’un outil pour réaliser une carte thématique dépend avant tout du contexte de production et des objectifs visés. Les solutions en ligne comme Khartis constituent une excellente porte d’entrée dans l’univers de la cartographie thématique, permettant de comprendre les principes fondamentaux et de produire rapidement des visualisations de qualité. Pour ceux qui produisent régulièrement des cartes ou qui ont besoin d’analyses plus poussées, les logiciels de SIG comme QGIS offrent une solution complète et professionnelle, malgré une prise en main plus exigeante.
L’approche par la programmation, bien que plus technique, ouvre des possibilités infinies de personnalisation et d’automatisation, particulièrement pertinentes dans un contexte web ou de production en série. Enfin, les logiciels de dessin vectoriel comme Inkscape ou Illustrator, s’ils ne sont pas indispensables pour des productions simples, deviennent précieux dès que l’on recherche un rendu professionnel ou une intégration dans des documents élaborés.
Ces différentes familles d’outils ne sont pas exclusives. Il est fréquent, et même souvent souhaitable, de combiner plusieurs approches selon les étapes du projet : une première analyse dans QGIS, une visualisation web via une bibliothèque JavaScript comme Leaflet, une finalisation des graphismes avec un logiciel de dessin vectoriel. L’essentiel est d’adopter une démarche pragmatique, en choisissant les outils les plus adaptés à ses compétences, ses contraintes et ses objectifs.