Le choix d'un logiciel pour créer des cartes soulève souvent des questions, particulièrement pour ceux qui débutent dans le domaine de la cartographie. Faut-il privilégier un logiciel de SIG comme QGIS ou opter pour un outil de dessin vectoriel comme Inkscape ou Adobe Illustrator ? Cette décision est d'autant plus complexe que chaque logiciel propose une approche différente de la création cartographique.
QGIS s'inscrit dans la tradition des Systèmes d'Information Géographique, mettant l'accent sur la précision géographique et l'analyse spatiale. À l'opposé, Inkscape et Adobe Illustrator sont des outils de création graphique qui excellent dans la mise en forme et le design. Ces deux approches, loin d'être antagonistes, répondent à des besoins différents et peuvent même se révéler complémentaires.
Comprendre les forces et les limites de chaque solution permet non seulement de faire un choix éclairé, mais aussi d'envisager des flux de travail combinant plusieurs outils. Au-delà des aspects techniques, d'autres critères entrent en ligne de compte : le budget disponible, le temps d'apprentissage nécessaire, ou encore l'intégration dans une chaîne de production existante.
QGIS : le couteau suisse libre de la géomatique
QGIS est un client SIG bureautique qui s'installe sur votre système d'exploitation. Des paquets sont disponibles pour les principales plateformes : Windows, macOS, Linux mais aussi sur Android ou iOS. À titre comparatif, c’est un peu l'équivalent de LibreOffice pour le monde de la géomatique. Même dans les organisations utilisant des logiciels SIG propriétaires, il est fréquent de le retrouver en complément.
Polyvalent et open-source, il permet tout à la fois de visualiser, manipuler et projeter des données géographiques. Vous pouvez afficher ou créer des cartes, sélectionner et éditer des entités, numériser des formes, créer des couches vectorielles, etc.
Il gère nativement toutes sortes de données et permet des analyses spatiales avancées et des traitements automatiques.
Doté d’un système complet de gestion des systèmes de référence de coordonnées (SRC), il permet de travailler avec les données dans leur projection d’origine et assure une cohérence géométrique lors des analyses spatiales.
C’est un outil incontournable dès lors que vous manipulez des données géolocalisées.
Inkscape et Illustrator : des logiciels de DAO
Inkscape et Illustrator sont tous deux des logiciels de dessin assisté par ordinateur. Ce ne sont pas des logiciels de cartographie à part entière, mais ils sont très utiles pour réaliser des cartes, soigner leur habillage ou en améliorer le rendu si l’on travaille d’abord avec un véritable logiciel de cartographie.
Les dessins produits sont vectoriels (chemins), ce qui est très pratique dans le cadre de la cartographie. Chaque élément d’un dessin est facilement sélectionnable et contient des propriétés de couleur, d’épaisseur, de type de ligne, etc. qu’on peut modifier en masse.
À la différence de QGIS, Inkscape et Illustrator traitent les cartes comme des dessins vectoriels sans référence géographique intrinsèque. Les proportions et les distances dans ces logiciels sont gérées en unités graphiques (pixels, mm, etc.) et non en coordonnées géographiques.
Inkscape est un logiciel libre et open-source. Il peut être installé aussi bien sur Windows, macOS ou Linux. Son format natif est le SVG, un standard ouvert. L’extension Carto de Laurent Porcheret, également libre et open-source, vient l’enrichir de nombreux motifs (hachures, grains) et symboles (icônes, échelles, orientations) conformes à la sémiologie graphique.
Illustrator est le logiciel de dessin vectoriel de la suite Adobe. Il est disponible dans le Cloud sur abonnement. Son format natif est un format fermé, propre à Adobe (AI pour Adobe Illustrator).
Il est possible de connecter Illustrator à ArcGIS, l’équivalent propriétaire de QGIS, ou de lui ajouter le support du format Shapefile avec le plugin Geographic Importer. Le plugin MaPublisher permet également d'importer et manipuler des données géographiques. Le coût de ces outils est assez élevé.
Globalement Inkscape et Illustrator sont assez similaires, le second étant un peu plus riche en fonctionnalités mais aussi plus coûteux. Si vous hésitez, commencez par Inkscape puisqu’il est libre : cela ne vous engagera à rien. Vous verrez bien dans la pratique s’il vous manque des fonctionnalités disponibles uniquement sur Illustrator.