Pour finir, quelles sont les qualités que tu définirais comme indispensables pour exercer ton métier ?
Je dirais : la curiosité, la rigueur et un peu d’humilité.
La curiosité est un véritable atout pour le géomaticien, car celui-ci est sans cesse obligé d’apprendre de nouvelles choses. Les technologies évoluent vite et il doit savoir être attentif à ce qui se passe dans ce milieu.
La curiosité est aussi un vrai moteur d’apprentissage, car elle pousse à essayer. Tous les jours je me pose des questions telles que : « Tiens si je tentais ça, ça donnerait quoi ? », « Pas mal ce script d’un collègue, mais comment il a fait ça ? », « Une nouvelle technologie ? Elle fait quoi ? Comment fonctionne-t-elle ? ».
La rigueur est indispensable ! La cartographie est en effet à la fois la science et l’art de représenter de façon schématique un environnement sur un support. On doit donc travailler sur des données pour les présenter à quelqu’un. La rigueur est de ce fait incontournable pour ne pas corrompre ces informations. Elles sont la matière première du géomaticien, les dénaturer ferait donc perdre tout sens à la cartographie. Par exemple, j’essaie autant que possible de mettre en place des audits durant mes traitements afin de valider les données importées ou traitées.
J’ajouterais que, dans une moindre mesure, l’humilité peut être un avantage. Se remettre en question en permanence aide à progresser. « Pourquoi ai-je traité ces données de cette manière ? ». « Comment ce collègue aurait-il fait ? ». « Ai-je utilisé la meilleure approche ? ». « J’ai fait des erreurs dans mon traitement, quelle en est l’origine ? Comment ne pas les reproduire ? ».
J’ai d’ailleurs une excellente anecdote sur l’humilité : il y a quelques années, lorsque je débutais, j’ai suivi une formation à PostgreSQL+PostGIS puis me suis perfectionné de mon côté. Je suis rapidement monté en compétences et ma confiance a fait de même (c’est l’effet Dunning-Kruger). J’ai ensuite eu l’occasion de former un client sur cette technologie (en général les formations sont aussi une démonstration de la compétence du formateur). J’ai fait un peu le malin en pensant tout savoir jusqu’à ce que le client me colle sur un sujet hyper spécifique et peu utilisé de PostGIS (une question sur les rasters stockés en Out-DB). J’ai appris par la suite que le client était développeur pour le projet PostGIS et donc qu’il connaissait le sujet à la perfection, et que la formation était surtout destinée à son collègue également présent…
Ma confiance en a pris un coup et mon ego aussi… Mais cela m’a servi de leçon : connaître un sujet ne veut pas forcément dire qu’on le maîtrise parfaitement ni qu’on ne peut pas en apprendre plus.